TROP PLEIN, le chargeur – Estampe, technique mixte – JPH – 2023-1985

TROP PLEIN, le chargeur

Texte de Marguerite TROCMÉ

Un nouveau siècle des lumières s’ouvre devant nous. Allessandro Volta pensait-il qu’une multiprise remplacerait un jour une cathédrale ? Si Volta s’intéressait aux gaz inflammables (méthane) qui s’échappaient des marais autour Côme en 1776 et les utilisa dans son expérimentation, il ne connaissait pas encore le changement climatique induit par l’homo sapiens.
Les échelles de temps s’accélèrent, de l’échelle géologique, à l’échelle humaine à l’anthropocène. 200 ans pour construire la cathédrale de Fribourg, un projet donc porté par 20 générations et une aspiration qui porte les yeux vers le ciel et embellit notre ville. En moins de 100 ans, dans une aspiration de matérialité parfaite et une myopie de politiques guidées par le court-terme, nous avons dérégler le climat de notre planète.

Sans plus d’aspiration que l’illusion du confort, nous encombrons la place de la cathédrale et nos routes de voitures transportant nos egos individuels et espérons que le tout électrique résolve nos problèmes de société. Nous tournons aujourd’hui le regard plein d’espoir vers les sommets de photovoltaïques de nos montagnes. Ainsi la cathédrale se transforme en multiprise et l’humanité continue sa folle course, remplaçant un dieu par un autre, jusqu’au naufrage.

LES STRATES – Estampe, technique mixte – JPH – 2023-2011

LES STRATES

Texte de Marguerite TROCMÉ

En 1157 la dernière strate est venue se poser délicatement sur une mer de molasse. De la fenêtre de ma cuisine, vue sur la mer. Mes amis éberlués ne comprennent que je vante cette vue… « mais tu as vue sur des falaises ! » Je leur montre alors les ondulations faites par le sable posé au grée des courants et vagues. Posez la main, écoutez, peut-être entendrez vous le lointain frémissement d’une créature marine. Quand la mer s’est retirée et la Sarine plus tard a creusé son lit et donc les contreforts de Fribourg, l’homo sapiens est arrivé pour poser sa strate. Ville minérale avait dit un architecte de ville. Dans mon sommeil, je sens encore parfois le doux bercement des vagues.

Marguerite TROCMÉ

Je suis une graine de fleur qui s’est posée à Fribourg en 2000. Je suis amoureuse de cette ville. J’ai grandit au Canada sans y être native et suis revenue en Suisse à 16 ans. En 1980, j’ai choisi de faire des études en écologie (BsC en Biologie puis Masters en environnement à l’EPFL), à l’époque mes professeurs de gymnase me disais « tu veux être chômeur ?». J’ai œuvrer toute ma vie dans différentes fonctions pour la protection de l’environnement et pour le respect de la nature. J’aime écrire, je suis très sensible à l’art et ton regard critique sur notre société fait écho en moi. Je constate que plus on parle de paix, plus on forge la guerre et plus on parle de biodiversité, plus on piétine la nature. Nous courons vers un cataclysme, mais je reste optimiste, que, couteau sous la gorge, nous saurons enfin trouver des chemins qui nous permettent de vivre en harmonie avec notre planète.